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Témoignage de Valia et Gaétan . . .

parents de Danaé (26/09/99) et Aloïs (18/11/01) et Solal (31/05/05)

Aloïs, 5 ans et demi

Du haut de ses 5 ans, Aloïs est maintenant en grande section de maternelle et nous vivons un rêve depuis octobre 2006 ! Aloïs a tellement progressé ... en production verbale, en compréhension et surtout, contre toute attente de notre part, dans son comportement. Pourtant, rien ne présageait un dénouement si heureux ...

D'une part, son année en moyenne section s'est finie de manière catastrophique ... devant tant d'obstination de la part de la maîtresse (et directrice), nous avons coupé court à toutes relations, y compris le bonjour du matin que nous n'arrivions même plus à prononcer ...

Elle, qui décrétait ne pas comprendre pourquoi Aloïs était dans la « classe des moyens » alors qu'il ne savait pas faire des « choses de moyens » (comme par exemple, réciter les jours de la semaine, tâche connue comme étant beaucoup trop abstraite pour un enfant sourd de 4 ans), ne comprenait pas ensuite pourquoi Aloïs ne daignait même pas commencer l'activité proposée, voire déchirait la feuille.

Effectivement, refaire 6 fois de suite l'activité de découper 6 poissons pour les ranger dans un bocal énervait grandement Aloïs, lui qui arrivait à peine à découper un seul de ces satanés poissons ! Sans parler de l'activité qui consistait à trouver le mot « maman » parmi une vingtaine d'autres mots écrits trop petits pour qu'Aloïs puisse l'identifier sans une concentration extrême (opérations consécutives de la cataracte en octobre 2005 et février 2006). Tous ces travaux, nous réussissions à les lui faire faire à la maison, dans des conditions adaptées (découpage et coloriage limités puisque ce n'était pas sa tasse de thé ; mots écrits beaucoup plus gros pour qu'il puisse les reconnaître plus facilement ; ...). Nous savions donc qu'il en était capable et nous avions confiance en lui. Mais la maîtresse refusait de mettre en place les mêmes conditions en classe, sous prétexte que ça allait perturber les autres enfants. Il avait pourtant une AVS qui était là pour ça !

Nous avons alors recherché le moyen de le sortir de cette école qui n'acceptait pas la différence ... en vain puisque d'une part, nous ne voulions pas pour autant devoir l'éloigner de notre domicile ; d'autre part, la seule autre école publique du quartier voyait le nombre de ses classes réduit pour la rentrée et il n'était donc pas envisageable de mettre Aloïs dans une classe de plus de 30 enfants ; enfin, l'école privée du quartier n'offrait plus de place pour la rentrée 2006.

Prenant notre courage à deux mains, nous sommes donc allés voir la maîtresse de grande section, en se disant finalement que cela ne pouvait pas être pire que cette année de moyenne section. Et grand bien nous en a pris puisqu'il s'est avéré que cette institutrice avait fait des études de phonologie et qu'elle semblait grandement intéressée par le cas d'Aloïs, qu'elle s'était même déjà renseignée sur ce qu'était la surdité, les problèmes que cela pouvait engendrer, les aides qui pouvaient être apportées en classe ...

La rentrée de septembre n'a pourtant pas été de tout repos ... Outre le fait d'avoir à supporter dès la rentrée des réflexions du genre « Aloïs est encore dans notre classe ! Mais il ne sait toujours pas parler », l'AVS attribuée par la CDES ne s'est pas présentée.

A force d'acharnement auprès de la mission intégration de l'Education Nationale, nous avons appris que le contingent d'AVS Mairie et Education Nationale avait été distribué auprès d'autres enfants et qu'il fallait maintenant attendre le recrutement d'un EVS en contrat avenir pour qu'Aloïs bénéficie d'une aide en classe. Sauf qu'on avait oublié de nous mentionner que les postes en contrat avenir (= contrat aidé) étaient uniquement ouverts aux ayant-droits au RMI et autres allocations, sans exigence de la moindre qualification ni la moindre expérience ... et que sur Aix-en-Provence, il n'y avait de toute façon aucun candidat sérieux ...

Frôlant la dépression nerveuse, nous avons alors passé presque 2 mois, matin, midi et soir (et donc pour la plupart du temps au travail ...), à s'informer via Internet sur les textes législatifs, à se renseigner par téléphone sur les personnes responsables de cette situation et surtout à rédiger mails et lettres envoyées au Ministre de l'Education Nationale, à l'Inspecteur d'Académie, au Maire, aux députés et à la Presse (article La Provence). Pendant ce temps, Aloïs n'était toujours scolarisé qu'à mi-temps (et capable de se concentrer seul uniquement la moitié de ce mi-temps), passant ses après-midi avec sa nounou, très impliquée dans la tâche qui lui était confiée mais qui s'est très vite retrouvée en congé maladie pour cause d'impossibilité à concilier garde d'enfants et maternité ... Même si nous avons eu rapidement, par chance, une place en crèche pour garder son petit frère, nous avions donc à trouver une solution pour la garde d'Aloïs, sans vraiment connaître les hypothèses du problème : temps de scolarité et accord pour sa présence à la cantine ? De plus, une nouvelle inconnue apparaissait avec la création du SSEFIS des Alpilles et la possible intervention en classe d'une psychologue en éducation cognitive et d'une codeuse LPC (recrutée par notre association). Bien entendu, la première réaction de la directrice à cette annonce a été ... vous ne devinez pas ? ... « NON, personne n'interviendra dans les locaux de l'école pour Aloïs ! Ca serait bien trop perturbant pour lui et ses camarades ... Ils n'ont qu'à intervenir au domicile ».

Et puis, du jour au lendemain, tout s'est miraculeusement débloqué :

- nous avons finalement eu gain de cause en ce qui concerne l'AVS, une jeune femme s'étant présentée à l'école pour assister Aloïs 15 heures dans la semaine ;

- l'école a finalement accepté la présence des intervenants du SSEFIS en classe et même l'inscription d'Aloïs à la cantine.

Nous avons donc pu définir nos besoins et embaucher rapidement une étudiante pour s'occuper d'Aloïs, les 2 après-midi dans la semaine où il a séance d'orthophonie.

A partir de ce moment-là, le comportement d'Aloïs a complètement changé. Du statut d'élément perturbateur de la classe, il est passé à celui d'élève presque attentionné, acteur dans les activités proposées et intégré au sein du groupe. Quel plaisir de le voir accueilli avec tant d'enthousiasme le matin à la garderie ! Grâce au travail formidable de l'équipe qui l'entoure, ses petits camarades ont enfin compris pourquoi il n'était pas exactement comme les autres. L'introduction du LPC en classe par Alexandrine a été un moteur essentiel dans son intégration. Pour une fois, Aloïs avait quelque chose de plus que les autres : il savait décoder ce que lui disait « sa » codeuse. Et puis, il s'est aussi approprié les gestes Borel-Maisonny, grâce auxquels il a une chance d'accéder plus facilement à l'apprentissage de la lecture.

Son changement de comportement à l'école a bouleversé, dans le bons sens du terme, la donne à la maison. Aloïs et Danaé se sont mis à jouer de plus en plus ensemble, dans de vrais jeux d'échanges oraux, Aloïs répondant aux sollicitations verbales de Danaé, pour sa plus grande joie. Même la nature de leurs disputes s'est modifiée : de physique, elle est passé à verbale ... ça devient presque un plaisir de les entendre s'échanger des « T'es méchant » ... « Non, c'est toi qui est méchante » ... Le LPC est devenu un sujet de conversation à table parce que oui, on peut maintenant avoir une vraie conversation avec Aloïs ! Après une fabuleuse expérience au stage ALPC à Flaine au mois de juillet 2006, nous sommes tous revenus avec des bases solides pour faire du LPC un outil à expérimenter au quotidien. Même Danaé a compris le principe et ne demande qu'à s'exercer. C'est donc tout naturellement que, régulièrement, les enfants nous sollicitent pour leur expliquer comment coder tel ou tel mot. Aloïs s'entend aussi énormément avec son petit frère, même si leurs jeux ne sont pas de tout repos puisqu'ils consistent essentiellement à faire le plus de bêtises possible en un minimum de temps ... Et toute cette complicité fait si chaud au cœur !

Nous envisageons donc la rentrée au CP avec plus de sérénité, même si nous sommes un peu anxieux de savoir si l'enseignant qui sera en charge d'Aloïs se sentira aussi investi dans sa mission que l'aura été la maîtresse de grande section ...

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